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Les Pygmées.

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Les Pygmées. Empty Les Pygmées.

Message par Chantal Ven 17 Avr - 23:21

LeMonde.fr
Article paru dans l'édition du 25.03.06.

"Quelques minutes de pirogue sur la Lobaye et tout bascule. S'éloigne l'Afrique des marchés de plein air et des cases de torchis, des vendeuses de bois et de légumes, celle des militaires qui rançonnent et des pasteurs qui sermonnent... Sur l'autre rive, un autre monde attend le voyageur, qui renvoie à des rêves de gosse jamais oubliés : le monde des Pygmées, le peuple des forêts. En Centrafrique, les Pygmées n'ont toujours pas bonne presse auprès des "grands Noirs". "Ils sont victimes d'un racisme profond", assure le docteur Daniel Epelboin, médecin et anthropologue, qui étudie des familles pygmées depuis des années. "A cause de leur petite taille, ils sont toujours considérés comme des sous-hommes, même s'ils ont voté lors de l'élection présidentielle de 2003", confirme le représentant de l'Unesco en Centrafrique, Abel Koulaninga, qui leur a consacré une thèse.
Le territoire des Pygmées commence donc au-delà de la Lobaye, affluent majestueux et paisible du fleuve Oubangui, qui coule en direction du sud. Pas de route, pas de piste de latérite chez eux, mais des sentiers imprévisibles qui serpentent au coeur de la forêt primaire, d'un campement à l'autre, d'une hutte à une clairière. Ils empruntent des cours d'eau, se confrontent avec des marigots boueux, butent sur des troncs d'arbres prodigieux de taille... Parcourir ces pistes avec, à quarante ou cinquante mètres au-dessus de sa tête, les frondaisons d'arbres géants, c'est se croire transporté dans Indiana Jones.

Les Pygmées Aka seraient 12 130 installés au-delà de la Lobaye, selon un recensement récent. Le chiffre prête à sourire s'agissant d'un peuple de nomades qui vit en marge du pays officiel, et du monde tout court. Aucun Aka ne connaît son âge. Aucun ne se souvient avec précision de sa dernière rencontre avec un Blanc. Aucun ne sait que leurs traditions orales leur valent de faire partie depuis peu du "patrimoine immatériel de l'humanité".
Partager ne serait-ce que quelques jours la vie des Aka, s'enfoncer dans la forêt en compagnie d'un pisteur interprète et de porteurs véloces, bivouaquer d'un campement à un autre, c'est d'abord remonter le temps vers des périodes incertaines. Non pas que les Pygmées vivent comme leurs ancêtres. Ils portent des tee-shirts - fatigués - de clubs de football européens et même, parfois, des chaussures de plastique. Ils ont troqué les arcs et les arbalètes (exposés à l'unique musée de Bangui) contre des fusils artisanaux. De la ville, ils ont appris l'usage de quelques ustensiles de cuisine, du savon et des cigarettes. Il arrive même que, dans quelques campements, un méchant poste de radio grésille du matin au soir. Peut-être a-t-il été laissé en cadeau par l'un des pasteurs baptistes qui, venus de l'autre rive de la Lobaye, se hasardent, de temps en temps, en bordure de la forêt pour porter la bonne parole à des Pygmées ouverts à toutes les religions.
Mais l'essentiel de la culture pygmée demeure. Elle gravite autour de la forêt, dont les Aka sont inséparables. Leur connaissance du monde des arbres stupéfie. Ils savent que de telle liane - mozambi, en langue pygmée - tranchée d'un coup de machette jaillira un filet d'eau fraîche. Ils montrent telle écorce qui guérit les brûlures d'estomac, telle autre qui, laissée à macérer dans l'eau, soulage les femmes aux règles douloureuses. Lorsque dans un campement un jeune homme aura été mordu par un serpent, il ne faudra pas longtemps à un Pygmée pour dénicher la feuille d'arbre qui guérit une fois appliquée contre la plaie. A condition d'intervenir rapidement, elle soigne également les piqûres de scorpion, jure un Aka aux incisives soigneusement limées.
De la forêt, les Pygmées savent tirer parti. Elle protège de l'extérieur, nourrit, distrait. Deux branches de palmier, et les porteurs tressent en un tournemain une sorte de sac à dos rigide capable d'accepter quarante kilos de marchandises. Une saignée dans un tronc de paka, et de la résine s'écoule qui fera office de bougie. Avec les bambous, ils font des pipes à tabac ; avec les écorces de certaines essences d'arbres, ils déroulent des tapis de sol ; et avec les feuilles, ils enveloppent les huttes où ils vivent. Etonnantes huttes ! Petites de taille - adaptées en fait à celle des Pygmées -, les mongulu sont faites d'une armature de fines tiges courbées en forme de demi-sphère et plantées dans le sol, sur laquelle sont posées de larges feuilles. Des cordelettes d'écorce maintiennent la structure d'ensemble. Construire la hutte est un travail de femme.
Les Aka vivent de la chasse, de la cueillette et d'un semblant d'agriculture. La chasse surtout les passionne, qu'ils pratiquent de bon matin avec un de leurs fils, parfois armés de sagaies. Mais ils savent aussi poser des collets rudimentaires en bordure des sentiers où viennent se prendre des porcs-épics, pister des antilopes, débusquer un crocodile dans un marigot. Dans tous les cas, la viande sera boucanée avant d'être cuisinée.
L'agriculture les attire moins. Les hommes la pratiquent de façon rudimentaire. Ils se contentent de déposer au fond d'un trou des tubercules de taros ou d'ignames, des pousses de bananiers et du manioc. Cela suffit tant la terre est légère, la chaleur permanente et les pluies abondantes.
Si les Pygmées connaissent la forêt, ils ne donnent pas le sentiment de la respecter. Ce sont des prédateurs. Pour planter quelques palmiers ou des pieds de manioc dans une clairière, ils n'hésitent pas à sacrifier des arbres de légende. Un matin, un Aka expliquera sans états d'âme comment l'arbre de trois ou quatre cents ans qui gît en bordure du sentier a été abattu simplement pour pouvoir mettre la main, avec un minimum de piqûres d'abeilles, sur du miel sauvage. Le prix de la récolte, vendue à des "grands Noirs" venus de la ville, ne dépassait pas une dizaine d'euros. "C'est la tradition", conclura le Pygmée. Malheur à celui qui leur fera connaître la tronçonneuse !
Dans leur campement de fortune, où les handicapés et les ventres ballonnés sont nombreux, les Aka rêvent de progrès, de vie meilleure. Ce qu'ils aimeraient c'est avoir des médicaments - preuve des limites de la médecine traditionnelle -, pouvoir se procurer des produits modernes - comme les lames de rasoir, les machettes, le riz, le sucre... - sans devoir aller dans une grande ville, voir une école s'installer à proximité. Et, pour certains, lui voir accoler une église protestante".
Jean-Pierre Tuquoi


Dernière édition par Chantal le Ven 17 Avr - 23:39, édité 1 fois
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Message par Chantal Ven 17 Avr - 23:28

Les Pygmées racontés par l'ADN
LE MONDE | 17.04.09 | 18h49 • Mis à jour le 17.04.09 | 20h23

"...La préhistoire que les chercheurs décrivent est la suivante : les ancêtres des Pygmées et des populations actuelles d'agriculteurs africains se sont séparés il y a environ soixante mille ans. Quant aux deux principales populations pygmées actuelles, qui vivent dans des massifs forestiers distincts, à l'est et à l'ouest du continent noir, elles se seraient séparées il y a vingt mille ans.
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs de l'Institut Pasteur ont analysé le génome de 236 personnes grâce à des prélèvements buccaux effectués parmi sept populations pygmées et cinq groupes d'agriculteurs. Ces échantillons ont été prélevés par des linguistes (université Lyon-II) et des ethnobiologistes (Muséum national d'histoire naturelle). Ils ont permis la comparaison de 24 régions non codantes de l'ADN. En fonction des variations observées, et en tenant compte d'une vitesse moyenne de mutation (l'horloge génétique), il a été possible de distinguer à quelle époque les ancêtres de ces populations avaient divergé les uns des autres...

Quels enseignements tirer de ces nouvelles mesures ? "Soixante mille ans, c'est aussi la date à laquelle on assiste à la sortie d'Afrique d'Homo sapiens, note le généticien. A cette époque, il y a donc bien une révolution démographique qui cause à la fois cette sortie d'Afrique et la séparation des populations restées en Afrique."
La génétique tranche un vieux débat sur l'origine des deux groupes de Pygmées, vivant près du lac Victoria, à l'est, et dans le bassin du Congo, à l'ouest, séparés par plusieurs milliers de kilomètres. Les deux groupes ont-ils une origine commune ou ont-ils acquis leur stature actuelle par un effet de convergence ? Le caractère "petite taille", offrant un avantage dans l'environnement des "forêts galeries", serait alors apparu de façon indépendante dans les deux zones...
Résultat ? "Nos données montrent une origine commune et récente, il y a vingt mille ans, répond Lluis Quintana-Murci. Or c'est à cette époque qu'est intervenu le dernier maximum glaciaire." La dernière période glaciaire - au cours de laquelle une grande calotte de glace recouvrait la majeure partie de l'Amérique du Nord - a eu des répercussions sur le continent africain. En particulier, elle a pu contribuer à une rétractation progressive d'une longue bande de forêt équatoriale qui s'étendait d'est en ouest, sur toute la largeur du continent noir. Cette forêt a pu se diviser en deux poches distinctes, séparant ainsi en deux groupes ceux qui en étaient les hôtes.
Reste une énigme : quand les ancêtres des Pygmées et des populations bantoues actuelles se sont génétiquement séparés, tous les Homo sapiens africains étaient chasseurs-cueilleurs. L'agriculture ne s'est en effet développée qu'il y a cinq mille ans en Afrique. Ce n'est donc pas cette révolution agraire qui explique la divergence initiale. Cette dernière est-elle due à une différence d'adaptation aux deux grands milieux africains, forêt et savane ?
"Pour le savoir, nous allons rechercher des signatures génétiques de sélection naturelle différentes vis-à-vis des agents pathogènes et aussi du climat de ces deux environnements", dit Lluis Quintana-Murci. Les biologistes vont se pencher sur les récepteurs majeurs du système immunitaire, et les mettre en rapport avec les microbes caractéristiques de chacun des écosystèmes.
Ils espèrent pouvoir comparer ces adaptations génétiques avec celles qu'a pu engendrer l'apparition de l'agriculture. "L'explosion démographique, la sédentarisation et la domestication qui la caractérisent font un cocktail magnifique pour la transmission de maladies infectieuses, rappelle Lluis Quintana-Murci. A l'Institut Pasteur, ce sont ces aspects qui nous intéressent en premier lieu." Or ces maladies, il a fallu s'y adapter. Vivre de plus en plus rapprochés les uns des autres, au contact d'animaux domestiques porteurs de pathogènes parfois transmissibles à l'homme, a sans doute été le levier essentiel de l'évolution récente d'Homo sapiens".
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Message par Chantal Ven 17 Avr - 23:54

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